À première vue, la proximité sémantique entre microbiologiste et biologiste porte à une association entre ces deux professions. Toutefois, afin de faire un comparatif, il faut aller au-delà de simples considérations linguistiques.
D’un côté, les biologistes s’intéressent aux êtres vivants et aux phénomènes qui les caractérisent, tels que la faune, la flore et l’environnement, ainsi qu'au fonctionnement et à l’état de santé des organismes vivants et des écosystèmes. À l’opposé, la science moderne démontre plutôt que la microbiologie se retrouve à une interface commune avec la chimie et la biochimie, où le concept d’entité moléculaire forme un point de convergence. La distinction entre la microbiologie et la biologie se reflète également au travers des programmes universitaires qui forment ces professionnels. Alors que la microbiologie et la biologie sont désormais enseignées dans des programmes différents, la microbiologie intègre de plus en plus les sciences moléculaires.
Afin de bien mener à terme la réflexion concernant l’encadrement professionnel des microbiologistes, il est essentiel de prendre acte que la microbiologie est une science distincte et non subordonnée à la biologie.
Les microbiologistes, les biochimistes et les chimistes partagent une importante connexité au niveau des connaissances et des milieux de pratique. Cela apparait clairement dans l’interrelation de leurs champs d’exercice et notamment dans le caractère interprofessionnel des activités qu’ils exercent. Fondamentalement, ces trois disciplines se retrouvent autour d’activités qui ont pour objet des phénomènes qui agissent à l’échelle moléculaire. Or, qu’il s’agisse d’activités afférentes à la microbiologie, à la biochimie ou à la chimie, elles partagent toutes un même concept d’entité moléculaire. Toutefois, il existe des différences que nous pourrions qualifier de « spécificités propres à chacun » qui ne permettent pas d’assimiler simplement ces professions l'une à l'autre. Néanmoins, l’angle commun avec lequel les microbiologistes, les biochimistes et les chimistes abordent les entités moléculaires dans la finalité propre de l’exercice de leur profession devient pour nous le lien de convergence de l’ensemble.
Dans le cadre de l’exercice de leurs professions respectives, les chimistes, biochimistes et microbiologistes sont appelés à employer des méthodes chimiques, biochimiques et moléculaires. Ce qui distingue alors la nature du travail d’un chimiste, d’un biochimiste et d’un microbiologiste est la finalité propre de l’exercice de leur profession :
En résumé, le chimiste ou le biochimiste qui travaille sur l’entité moléculaire le fait dans le but d'assurer l’intégrité, la sécurité, l’utilité et la fiabilité d’une telle entité. Lorsque le microbiologiste s’assure de l’intégrité, de la sécurité, de l’utilité et la fiabilité d’une entité moléculaire qui entre en jeu dans une méthode chimique, biochimique ou moléculaire afférente à l’exercice de la microbiologie, il le fait dans le but de pouvoir utiliser, détecter ou identifier un microorganisme et d’en caractériser la nature, la composition, les propriétés et la transformation.
Par ailleurs, il est fréquent que le biochimiste exerce des activités ayant pour objet un microorganisme, puisque ceux-ci sont composés d’entités moléculaires afférentes aux organismes vivants. Par exemple, certains microorganismes comme les levures Saccaromyces cerevisiae et Schizosaccharomyces pombe servent, entre autres, d’organismes modèles afin de mieux comprendre certains processus physiopathologiques et le rôle biologique d’entités moléculaires particulières. Cela ne fait pas pour autant du biochimiste un microbiologiste, car la finalité propre de l’exercice de leur profession n’est pas la même, malgré la connexité des connaissances et des milieux de pratique.
Pour sa part, le microbiologiste peut analyser la composition moléculaire d’un microorganisme pour différentes raisons. Par exemple, une analyse de la totalité des entités moléculaires contenues dans un microorganisme par une méthode de spectrométrie de masse (MALDI-TOF), de même qu’une analyse totale de ses acides nucléiques par une méthode de séquençage ou une analyse partielle par une méthode de PCR permet au microbiologiste de détecter un microorganisme et de l’identifier. L’analyse de la composition moléculaire d’un microorganisme permet aussi d’en caractériser la nature et les propriétés.
Partenaires principaux