
La maladie de Lyme continue de gagner du terrain. Tôt dans la saison, une soixantaine de cas ont déjà été déclarés cette année au Québec, selon des chiffres obtenus auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Du 1er janvier au 14 mai 2025, 61 cas ont été déclarés au Québec, notamment 26 chez des personnes résidant en Estrie, 12 en Outaouais et 9 en Montérégie. En 2024, un nombre similaire de cas avaient été recensés dans la province pour cette même période de l’année, soit 68.
« On peut donc s’attendre cette année à une saison au moins aussi importante que ce qu’on a vu l’an passé », estime le Dr Alex Carignan, microbiologiste infectiologue et professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke. Il est également titulaire de la Chaire de recherche sur la maladie de Lyme et les infections émergentes.
En 2024, le nombre total de cas de maladie de Lyme déclarés au Québec a atteint un sommet historique de 834, selon les données préliminaires transmises par le MSSS. Il était de 652 en 2023 et de 586 en 2022.
Au Québec, cette maladie se transmet par la piqûre d’une tique à pattes noires porteuse de la bactérie Borrelia burgdorferi. Les premiers symptômes, qui se manifestent généralement dans le mois après la piqûre, comprennent notamment de la fièvre et une rougeur qui grossit pour atteindre plus de 5 cm de diamètre.
La maladie se traite avec des antibiotiques. Elle peut cependant entraîner des complications si elle n’est pas détectée et traitée rapidement. Dans les semaines et mois suivant une piqûre, des symptômes comme des engourdissements, des douleurs à la nuque, des maux de tête importants et la paralysie du visage peuvent apparaître.
« Globalement, depuis une quinzaine d’années, on a une augmentation constante de l’incidence de la maladie de Lyme dans la province », souligne le Dr Carignan. Les changements climatiques seraient en cause, explique-t-il. La tique à pattes noires peut désormais survivre et se développer plus facilement, en raison des hivers moins rudes et moins longs.
« On voit que les gens retrouvent des tiques sur eux et se font piquer plus tôt dans l’année qu’auparavant », affirme de son côté Caren Leblanc, directrice générale de l’Association québécoise de la maladie de Lyme (AQML).
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C’est le nombre de cas de maladie de Lyme qui ont été recensés du 1er janvier au 14 mai 2025, contre 68 pour la même période l’année dernière.
Vers de nouvelles régions
Ces dernières années, le territoire des tiques à pattes noires s’est également étendu, indique le Dr Carignan. « Étant donné qu’elles voyagent à vol d’oiseau, on peut voir des cas de la maladie dans des régions plus au nord, comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean ou l’Abitibi-Témiscamingue. Mais c’est certain que pour l’instant, je dirais que la tique n’est pas aussi bien implantée en Abitibi qu’elle l’est dans le sud, par exemple. »
Dans certains endroits où la maladie est apparue récemment, certains professionnels de la santé peuvent avoir de la difficulté à la détecter, dit le microbiologiste infectiologue. « C’est donc très possible que certains cas passent sous le radar. »
« On tente toutefois d’améliorer les connaissances des travailleurs de la santé au sujet des infections qui sont transmises par les tiques », soulève-t-il.
Globalement, depuis une quinzaine d’années, on a une augmentation constante de l’incidence de la maladie de Lyme dans la province.
— Dr Carignan
Au Québec, il faut aussi faciliter l’accès au traitement antibiotique préventif pour les gens qui se font piquer par des tiques, relève-t-il. Le médicament, qui peut être offert dans certaines situations, doit notamment être administré dans les 72 heures suivant le retrait de la tique.
« En théorie, le protocole est là, mais en pratique, on entend parfois des histoires de patients qui ont consulté des professionnels de la santé qui n’étaient pas encore familiers avec ce traitement », poursuit le médecin.
Caren Leblanc constate que les Québécois sont « très préoccupés » par la maladie de Lyme. « Je vois une population qui est au courant par rapport à la maladie, mais c’est certain qu’il faut qu’ils sachent quoi faire pour la prévenir. »
Le Dr Carignan estime d’ailleurs que l’on doit « mettre davantage l’accent sur l’importance de vérifier si l’on a une tique sur soi après avoir passé une journée en plein air ».
À l’heure actuelle, le médecin participe également à un projet pour évaluer les connaissances de nouveaux arrivants à propos de la maladie. « On a l’impression que certains d’entre eux sont peut-être moins bien au fait de la maladie. On cherche des moyens pour améliorer cette situation. »